Thème général. Le renouvellement du lien politique en éducation : repérer et penser les déplacements du projet social d'éducation, de formation et de socialisation.
La tradition de l'UMR s'ancre dans une réflexion sur la construction du lien politique en éducation c'est-à-dire les rapports qui se construisent dans les deux sens entre les situations particulières et les principes généraux. Les processus de construction sont actuellement affectés de plusieurs changements liés à la crise du projet moderne. L'évolution s'opère par une série de déplacements qui font que les mêmes objets, les mêmes dispositifs, les mêmes règlements n'ont pas le même sens, que les mêmes arguments changent de sens en passant d'une chaîne argumentaire à une autre, etc. Il s'ensuit pour les acteurs des situations profondément ambiguës où les équipements sur lesquels ils s'appuient (objets, dispositifs règlements, indicateurs, etc.) peuvent se référer à des principes différents. D'où la difficulté à maîtriser le travail de bricolage qui fait tenir les situations mais aussi des marges de liberté dont les enjeux sont essentiels.
L'objet de l'UMR est de repérer ces glissements, de les suivre et de construire les concepts qui permettent de les penser.
Ces déplacements appellent une recomposition des concepts clés : éducation, formation, socialisation. Et cette recomposition a des conséquences aussi bien pour ce qui concerne l'organisation (déconcentration et partielle décentralisation de l'institution scolaire, mise en œuvre d'un principe de gouvernance locale) que pour ce qui concerne les contenus : mise en cause de la forme scolaire, concurrence des modes de circulation des savoirs qui n'empruntent pas cette forme : les médias, la toile, etc.
À partir de ces principes, le projet de l’UMR s'organise à partir de deux axes :
– le premier concerne l'élaboration des nouvelles questions que posent ces évolutions politiques et sociales en problématiques scientifiques : le renouvellement des conceptions de l'égalité et de la justice. Les nouvelles formes de mobilisation qui amènent à penser en termes de politiques du proche, les politiques des savoirs dans une perspective de recomposition curriculaire et de redéfinition des disciplines, etc.
– le second concerne l'étude des instruments qui permettent à une vision du monde de s'imposer, sans débat sur le fond : l'histoire des rhétoriques politiques, celle des instruments de mesure, etc. Le suivi de la construction de ces instruments pose la question de la circulation des savoirs entre recherche, politique, administration et acteurs de terrain.