La contribution de Fritz Mosher s’appuie sur le rapport du Center on Continuous instructional Improvement (CCII). La conviction défendue dans ce rapport est que la réforme par les standards et l’obligation de résultats ont peu de chances de produire les effets escomptés –mener tous les élèves à un niveau de réussite ambitieux - sans que les enseignants se plient à la norme selon laquelle il leur revient de prouver que leurs élèves progressent de façon adéquate dans leurs apprentissages et d’adapter leur pédagogie aux besoins de chaque enfant s’ils ne font pas les progrès requis.
Cette injonction suppose que les enseignants disposent des outils et techniques pour répondre aux problèmes des élèves ou attester de leurs progrès et qu’ils aient une compréhension fine de la façon dont chaque enfant assimile les cours.
Il faut donc instaurer de nouvelles normes fondées sur la coresponsabilité de la réussite ou de l’échec des élèves et sur l’approfondissement des savoirs sur les trajectoires cognitives que prennent les élèves dans leurs apprentissages. Il convient également d’avoir des retours éclairés sur les expérimentations et les réponses pédagogiques appropriées qui permettent aux élèves de maintenir leur niveau ou de les remettre en selle dans leur parcours scolaire. Cet appel à de nouvelles normes a peu de chances d’aboutir totalement à moins que les enseignants aient les connaissances requises et confiance en leur capacité à apporter des réponses efficaces.
Or ces connaissances ne sont pour le moment pas disponibles au niveau nécessaire pour apporter une réponse pédagogique vraiment adaptée sauf peut-être dans certains secteurs. L’approfondissement de ces connaissances passera par un travail de conception et de recherche soutenu, itératif et une collaboration étroite entre praticiens de terrain, chercheurs et concepteurs. Dans notre hypothèse, le concept de « learning progressions » est utile pour cibler le travail empirique à venir.