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Justice politique et justesse de la mesure dans le nouvel ordre mondial de l'éducation et de la formation.

Par adminDernière modification 20/06/2006 11:26

Introduction de Jean-Louis Derouet


Jean-Louis Derouet, UMR Éducation & Politiques

L'AISLF a créé en 1984 un comité " Modes et Procès de Socialisation " qui a joué un rôle important dans le renouvellement de la sociologie de l'éducation francophone pendant une dizaine d'années, spécialement dans l'accompagnement des mesures de territorialisation des enjeux éducatifs (autonomie des établissements scolaires, constitution de nouveaux lieux de régulation locaux, affirmation des droits des usagers, changements des métiers de l'éducation liés à ces transformations…). Une évolution de la problématique est apparue nécessaire à partir du milieu des années 1990 pour rendre compte de l'évolution du monde de l'éducation et de la formation. Les réunions organisées lors du Congrès de Québec (juillet 2000) ont pris acte de cette situation et souhaité un colloque de bilan et de prospective ainsi qu'un changement de titre. Ce vœu a été à l'origine de la rencontre Éducation et Sociétés. La sociologie de l'éducation à l'épreuve des changements sociaux (Lyon, 13 et 14 avril 2004).

Un renouvellement du projet intellectuel du Comité

Considérer la mondialisation comme un fait

La création du Comité s'est appuyée sur les conclusions du Colloque organisé à Toulouse en 1983 par Jean-Michel Berthelot ( Pour un bilan de la sociologie de l'éducation , 1984). Celui-ci a lancé un certain nombre de mots d'ordre " Ouvrir les boîtes noires " des classes et des établissements, " déscolariser la sociologie de l'éducation ", qui ont été d'une grande fécondité. Il a en même temps négligé le mouvement qu'initiait aux États-Unis le rapport A Nation at Risk qui est à l'origine du nouvel ordre mondial. Le Comité doit tirer les leçons de cette expérience : considérer la mondialisation comme un fait et construire ses problématiques à partir de ce fait. Cela n'implique nullement d'accepter les rhétoriques proposées par les organisations internationales : (" gouvernance ", " école efficace ", " formation tout au long de la vie ", etc.) mais de construire un cadre plus large qui permette de situer ces injonctions dans une histoire et d'en analyser les enjeux.

Un retour au macro " autrement "

" Ouvrir les boîtes noires " impliquait des investigations ethnographiques dans les classes et les établissements (Derouet, Sirota, van Zanten, 1987). Cette orientation s'est appuyée sur une critique de l'approche macro-sociologique traditionnelle. Son apport est incontestable mais il se heurte aujourd'hui à une limite : la mondialisation amène un renouvellement des formes de domination qui n'est pas clairement lisible à l'échelle des situations (Boltanski, 1999). Un retour aux perspectives macro-politiques est donc nécessaire mais celles-ci doivent renouveler leurs instruments. Au plan technique, il s'agit de trouver de nouvelles méthodes et de nouveaux outils qui permettent de traiter la quantité sans être prisonnier du codage statistique. Au plan conceptuel, il s'agit de penser les rapports entre les gouvernances locales et un management international qui s'inspire du nouveau modèle capitaliste.

Reconstruire l'extériorité du point de vue sociologique

Une des caractéristiques des dernières années est la rapidité avec laquelle les notions forgées par les sciences humaines et sociales sont récupérées par la gestion. La critique du taylorisme a mis en avant les capacités d'initiative des acteurs. Aujourd'hui, l'initiative est devenue une injonction et les travailleurs sont évalués en fonction de leur engagement. Pour maîtriser ce processus la sociologie doit en faire son objet : comment les savoirs construits dans les milieux de la recherche sont-ils reproblématisés pour les besoins de la gestion ? (Van Haecht 2001 ; "  À quoi sert la sociologie de l'éducation ?  " 2001 ). Cette interrogation amène un retour sur la question de l'expertise. Un univers cognitif commun s'est constitué qui réunit la haute administration et un certain nombre de scientifiques. Sans céder à la facilité de la dénonciation d'une " sociologie d'État " qui accompagne la montée du social-libéralisme, la sociologie de l'éducation doit étudier la constitution de ce milieu.

Repenser la justice et ses instruments dans le domaine de l'éducation et de la formation. Genèse et environnement du présent colloque.

On sait le rôle qu'a joué dans la refondation de la sociologie de l'éducation au cours des années 1950 et 1960 l'idéal d'égalité des chances et le projet de partage des bénéfices. (Darras 1966). Plusieurs indications – la crise de " l'école compréhensive " pour les 11-15 ans en particulier – montrent que ces conceptions de la démocratisation sont en voie d'épuisement. Il faut sans doute trouver d'autres manières de penser les dynamiques sociales et la justice. Cette question sera débattue lors du colloque que nous organisons les 15, 16 et 17 mai 2006 à Lyon "  Repenser la justice dans le domaine de l'éducation et de la formation  ".

Le meilleur moyen d'interroger le mouvement de mondialisation n'est-il pas d'analyser ses instruments ? Cette démarche amène à repenser la question classique des rapports entre histoire et sociologie. Ceux-ci sont souvent polarisés par ce que les politologues appellent la " dépendance du sentier ". L'omniprésence des mots d'ordre portés par les organisations internationales donne une impression de convergence. Les mêmes termes sont réinterprétés en fonction des traditions et de l'histoire de chaque pays. Ont-ils le même sens partout ? Le débat a été lancé par Anne Van Haecht avec le colloque "  Sociologie de l'éducation et de la formation : les enjeux politiques des injonctions internationales  ". (Université Libre de Bruxelles, 6 mai 2005). Il a été prolongé par le séminaire que Jean-Émile Charlier a organisé à Dakar avec le soutien de l'Agence Universitaire pour la Francophonie "  Les universités africaines francophones face au L.M.D . " (9 au 15 juillet 2005).

Le Comité souhaite pousser plus loin l'analyse et interroger la constitution même de ces injonctions. Lucie Tanguy étudie les déplacements qui ont conduit depuis la fin des années 1960 à la construction d'un nouveau référentiel. Comment est-on passé des notions de formation des adultes, formation continue, formation permanente, à celles de formation tout au long de la vie et de validation des acquis de l'expérience ? ( Jalons pour une histoire de la formation professionnelle en France , 2001). Quelles sont les continuités et les ruptures entre ces termes ? Quels déplacements des enjeux, etc. ? Marie-Claude Derouet-Besson a commencé un travail sur un classique du dictionnaire des idées reçues : l'ouverture de l'école (2004). D'autres suivent le passage de l'objectif d'égalité des chances à l'objectif d'égalité de résultats qui aboutit à l'idée de socle commun. Ces entreprises devraient être rassemblées à l'occasion d'un colloque et d'une publication.

C'est peu de dire que la mise en place du nouveau référentiel s'appuie sur des instruments de mesure : évaluation des élèves, de l'efficacité des enseignants, des établissements, des systèmes ; confrontation de ces résultats à des normes internationales, construction de standards, etc. Chaque mesure repose sur un modèle qui met en évidence certains aspects de la réalité et en occulte d'autres. Quels sont les modèles en présence et les références sur lesquelles ils s'appuient ? Quels sont les points obscurs qui demeurent ? Que sait-on des présupposés épistémologiques qui ont présidé à la conception des instruments et qu'ils transportent avec eux ? Ces questions seront au cœur du présent colloque.

Des politiques du proche au retour de Dieu : l'identification de quelques questions émergentes

À côté de ces travaux qui revisitent une thématique traditionnelle, le comité est attentif à l'émergence de questions nouvelles. L'objectif de formation tout au long de la vie remet en question le " grand renfermement " qui séparait le temps des études de la production. Ce mouvement attire l'attention sur une évidence oubliée, qui est que toute activité sociale comporte une dimension de formation. La sociologie de l'éducation, et spécialement la sociologie du curriculum, doivent problématiser cette question de l'éducation diffuse. André Petitat a lancé une réflexion sur ce thème (2005).

La sociologie ne peut se limiter à un suivi, même critique, de la mise en place des orientations portées par les organisations internationales. Elle doit aussi identifier les mouvements émergents qui n'ont pas été programmés par les puissants. Le domaine de l'éducation est touché par ce qu'il est convenu d'appeler la crise du politique. Les citoyens désertent les organisations qui leur demandent de se défaire de leurs attaches locales pour contribuer à l'intérêt général mais s'investissent quelquefois dans des mobilisations locales. Il s'agit peut-être là d'une nouvelle forme du lien politique que la sociologie doit saisir et caractériser (Thévenot 1999). Elle est évidemment particulièrement importante dans la socialisation politique des jeunes. Une recherche collective se met en place qui rassemble l'Université Libre de Bruxelles, l'Université de Lisbonne et l'Institut National de Recherche Pédagogique français.

Enfin, un des phénomènes marquants des vingt dernières années est le retour de Dieu dans une école que l'on croyait, sinon laïque, du moins sécularisée. Jean-Émile Charlier propose de construire une problématique qui dépasse les débats franco français sur la laïcité et traite ensemble les difficultés que rencontrent les pays du Nord et les pays du Sud (2002).

Un nouveau fonctionnement

La mise en œuvre de ce programme ne peut évidemment s'accomplir qu'en mobilisant des forces nouvelles. Un appel est lancé en direction des pays de la nouvelle Europe et du Sud ainsi que des jeunes collègues. Il est aussi nécessaire de diversifier les méthodes de travail. L'organisation de grands colloques reste indispensable pour offrir une occasion de rassemblements. Des journées de travail à petit effectif sont aussi souhaitables. Plusieurs collègues envisagent l'organisation de réseaux autour d'un thème : la territorialisation de l'éducation, les rapports entre les pays du Nord et ceux du Sud, la redéfinition des méthodes " qualitatives ", etc. Walo Hutmacher souhaiterait constituer un fonds qui permettrait au Comité de réagir rapidement sur une question d'actualité : il cite en exemple la publication des résultats de l'enquête PISA .

Le rayonnement du Comité s'appuie naturellement sur "  Éducation et Sociétés. Revue internationale de sociologie de l'éducation  ". L'ouverture d'un site complètera ce travail en organisant une circulation de l'information en temps réel. Ce développement se construit en étroite coopération avec l'INRP qui représente aujourd'hui un des pôles les plus forts de la recherche francophone en éducation et en formation.

Références :

À quoi sert la sociologie de l'éducation ?  , Éducation et Sociétés, Revue internationale de sociologie de l'éducation, n°9 (coordonné par Patrick Rayou) 2001.

BOLTANSKI L. , " Une sociologie sans société? ", Le genre humain, 1999.

CHARLIER J.-É., " Le retour de Dieu : L'introduction de l'enseignement religieux dans l'école de la République laïque du Sénégal ", Éducation et Sociétés, Revue internationale de sociologie de l'éducation, n°10, 2002.

DARRAS, Le partage des bénéfices, Éditions de minuit, 1966.

DEROUET J.-L., SIROTA R., van ZANTEN A., Nouvelles méthodes ethnographiques en sociologie de l'éducation , Revue française de pédagogie, n°78, 1987.

DEROUET-BESSON M.-C., "  Les cent fruits d'un marronnier. Éléments pour l'histoire d'un lieu commun : L'ouverture de l'école.  ", Éducation et Sociétés, Revue internationale de sociologie de l'éducation, n°13, 2004.

Jalons pour une histoire de la formation professionnelle en France, Travail et Emploi, n°86, 2001.

PETITAT A., "  Éducation diffuse et relation sociale  ", Éducation et Sociétés, Revue internationale de sociologie de l'éducation, n°16 2005 (à paraître).

Pour un bilan de la sociologie de l'éducation , (BERTHELOT J.-M. FORQUIN J.-C., ISAMBERT-JAMATI V.TANGUY L.) Université de Toulouse le Mirail, 1984.

THÉVENOT L., "  Faire entendre une voix. Régimes d'engagement dans les mouvements sociaux  ", Mouvements, n°3., 1999.

VAN HAECHT A. (coord.), " Sociologie, politique et critique en éducation ", Revue de l'Institut de Sociologie. Université libre de Bruxelles, 2001 / 1-4.

Education et sociétés
Numéro 21
Former des élites dans un monde incertain
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