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La qualité dans l'enseignement supérieur : un nouveau paradigme ?

Par adminDernière modification 20/06/2006 13:26

La communication d'Annie Vinokur

Annie Vinokur 1

(abstract)

Depuis le 18 e siècle, de nombreux économistes ont critiqué la qualité de l'enseignement supérieur, lui reprochant invariablement son retard sur les connaissances du moment, qu'ils imputaient à son mode d'organisation: excès de monopole public et de corporatisme pour les uns, excès de compétition marchande pour les autres, selon les pays et les moments.

Depuis les années 1980, c'est le point de vue des premiers qui prévaut. Mais le modèle néoclassique de la concurrence parfaite en éducation (théorie microéconomique du capital humain), qui fonde les idées actuellement dominantes dans le mouvement de restructuration de l'enseignement supérieur, occulte la question de la qualité de l'enseignement et de son produit (le travailleur), réduite à leur valeur , résultat spontané du jeu des forces du marché . Pourtant c'est depuis les années 1980 que l'on observe le développement rapide d'activités, marchandes ou non marchandes, spécialisées dans la mesure, le contrôle et le management de la qualité en éducation. Le but de cette communication est d'interroger ce paradoxe.

Une première réponse est fournie par l'incomplétude du modèle, qui suppose, préalablement à l'échange, l'information parfaite des offreurs et des demandeurs sur les caractéristiques intrinsèques du produit ou du service échangé. Dans le cas de l'analyse du diplôme, la théorie du filtre , qui complète le modèle dans les années 1970, conclut sur la nécessité d'une intervention extérieure au marché, celle de l'Etat. Mais selon la théorie alternative du signal , l'information peut elle-même être produite sur un marché. C'est cette dernière approche qui pourrait rendre compte, sans sortir du schéma néoclassique, de l'empilement de "marchés" superposés de la qualité: ceux du diplôme, de l'accréditation des institutions diplômantes, de l'accréditation des agences d'accréditation.. Mais l'observation montre qu'aucun des offreurs sur ces marchés n'a intérêt à la transparence: le label de qualité, quel qu'il soit, est un instrument de construction de marchés de concurrence monopolistique ou d'oligopole (compétition sur la qualité plutôt que sur les prix, fermeture des marchés). D'où procède également le développement d'un marché de la notation (palmarès), qui remplit de surcroît la fonction d'homogénéisation / différenciation des services d'enseignement à l'échelle globale et favorise la concentration dans l'industrie de l'enseignement.

Une deuxième réponse peut être trouvée dans le management des établissements, qui par définition échappe au marché. A partir du moment où les établissements d'enseignement supérieur, quels que soient leurs statuts juridiques et leurs financements, sont mis en compétition sur les marchés de leurs clients comme de leurs fournisseurs, leur "gestion qualité" s'aligne sur le modèle entrepreneurial: marketing, assurance-qualité, total quality management . Leur gestion des ressources humaines (étudiants, enseignants) vise à réduire les coûts mais aussi à instaurer une pédagogie de la rationalité économique (soumission aux signaux du marché) qui est un des prérequis du modèle théorique de base.

Pour saisir la logique de ces évolutions, il est nécessaire de les resituer dans le contexte d'une restructuration profonde des systèmes éducatifs sous la pression (i) des nouveaux besoins des capitaux en personnel qualifié, (ii) de la "contrainte" budgétaire et (iii) de la montée en puissance des capitaux investis dans l'industrie de l'enseignement. Ce à quoi participe le "mouvement qualité" dans l'enseignement supérieur n'est pas la substitution du libre marché au "tout Etat", mais bien une interpénétration dans laquelle (i) seraient laissées au non marchand socialisé les activités à forte intensité de main d'œuvre très qualifiée où les possibilités de gains de productivité sont faibles (enseignement présentiel, formation des enseignants, recherche non rentabilisable, etc.), (ii) les capitaux investis dans l'industrie de l'enseignement tireraient, à la périphérie de ce noyau, une large part de leurs profits de l'extériorisation, sur fonds publics, des activités rentables dont participe la mesure et la promotion de la "qualité" (conception de programmes, logiciels, édition, testing, expertise, consulting, assurance-qualité et accréditation, recherche sous contrat, gestion des établissements, prêts aux étudiants, etc.)

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1 Professeur émérite Université de Paris X. UMR EconomiX ( vinokur@u-paris10.fr )

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