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Les politiques d’orientation à l’épreuve des inégalités

Par adminDernière modification 20/06/2006 00:41

Appel à contibution pour cet atelier du colloque "Repenser la justice en éducation"

Coordination : Romuald Normand, UMR Éducation & Politiques

(Université Lumière Lyon II, Institut National de Recherche Pédagogique)

Jean-Yves Rochex, Université Paris VIII

En France, la question de l'orientation a d'abord été confiée aux psychologues dans l'entre-deux-guerres. Ils ont développé des instruments d'évaluation des capacités individuelles et ont constitué le champ de l'orientation scolaire et professionnelle. Leur visée était avant tout méritocratique. Ils considéraient que l'usage des tests psychotechniques à partir de la mesure du QI constituait un bon moyen de corriger l'injustice des examens. La problématique de l'orientation par les tests fut au centre du projet d'école unique porté par Paul Langevin et Henri Wallon, avec autour d'eux Henri Piéron et son équipe. Du milieu des années 1950 au milieu des années 1960, les problématiques se sont ensuite déplacées. Les travaux sur l'orientation ont accompagné une politique de démocratisation de l'enseignement supérieur et de lutte contre le gaspillage des talents. À partir des années 1960 et jusqu'à la fin des années 1980, les données sur l'orientation recueillies par l'Institut National des Études Démographiques (INED) ont constitué la base des travaux des sociologues de l'éducation. On s'intéressa alors à la question des inégalités d'accès entre groupes sociaux. Par la suite, les enquêtes sur l'orientation ont permis la construction d'une base de données statistiques au sein du ministère de l'Éducation nationale. À la même époque se développait le service public d'orientation qui créa un système d'information sur les métiers et les filières et un corps de professionnels spécialisés dans le conseil et l'accompagnement pédagogique des élèves.

Aujourd'hui, l'orientation est au centre de mutations importantes accompagnant les nouvelles politiques de la formation tout au long de la vie. En régions, la décentralisation de la formation professionnelle des jeunes, même si elle demeure étroitement encadrée par des textes législatifs et réglementaires a conduit au développement de nouvelles fonctions d'accueil, d'information et d'orientation en s'appuyant sur de nouveaux réseaux d'acteurs. Parallèlement, les développements de la Validation des Acquis de l'Expérience offrent un nouvel espace de concurrence où la fonction d'orientation devient un enjeu stratégique pour les organismes de formation, de validation ou de certification. Au niveau international, de grandes organisations comme l'OCDE ou le CEDEFOP (Centre Européen pour le DEveloppement de la Formation Professionnelle) vise à promouvoir la gouvernance de l'orientation par les standards de qualité et de nouveaux instruments de la guidance professionnelle. Enfin, la Stratégie de Lisbonne adoptée par les pays européens, en spécifiant de nouveaux objectifs pour les politiques de l'emploi spécifie des publics cibles jugés prioritaires en termes d'orientation : les plus de 55 ans, les femmes, les jeunes sans qualification, et les individus discriminés pour leur origine ethnique ou leur handicap.

Ainsi, en quelques années, les politiques d'orientation sont passées d'un objectif de réduction des inégalités sociales à un objectif de reconnaissance des compétences tout au long de la vie. Ce changement n'est pas neutre et appelle une réflexion sur les principes de justice mobilisés pour assurer la reproduction et la sélection de la population en âge de travailler. Elle interroge aussi les conditions de mise en œuvre d'une orientation tout au long de la vie qui bouleversent les cadres de connaissance et d'action des institutions et des professionnels au-delà de leurs prérogatives et de leur propre champ d'intervention ou d'expertise. Prenant acte de ces transformations, l'atelier sollicite des contributions autour de trois thématiques :

– Un état des lieux des politiques de l'orientation ayant accompagné la démocratisation/massification de l'enseignement. Depuis le début des années 1980, les sociologues ont contribué à éclairer les mécanismes de production des inégalités dans l'orientation scolaire. En distinguant la massification de la démocratisation, ils ont contribué à stabiliser des interprétations sur la persistance d'inégalités de carrière et les limites d'un développement homogène de l'offre scolaire. Aujourd'hui, il semble de plus en plus difficile de maintenir le compromis entre une exigence civique d'égalité de traitement des élèves et la nécessité d'opérer une sélection par le mérite. Les définitions de la justice auxquelles se rattachent les politiques de l'orientation font émerger de nouvelles formes d'inégalité et d'exclusion qui déconstruisent les principes d'équivalence entre réussite scolaire et appartenance sociale. Quels sont les nouveaux outils dont disposent les sociologues pour expliquer ces transformations ? Quelles théories et quels modèles d'analyse sont proposés ? Quelles sont les implications d'un déplacement des inégalités sur les procédures d'orientation et leurs acteurs ?

– Les rhétoriques ou les instruments mobilisés dans les politiques de l'orientation tout au long de la vie et la manière dont ils prennent en compte les nouvelles formes de l'inégalité et de l'exclusion. Les organisations internationales entendent promouvoir une nouvelle gouvernance de l'orientation scolaire et professionnelle afin de satisfaire aux exigences de l'entrée des systèmes d'éducation et de formation dans une société de la connaissance composée d'individus mieux qualifiés. Émergent des rhétoriques qui empruntent leurs références au management et mettent en valeur des techniques de la guidance professionnelle. En même temps, des instruments de pilotage et d'évaluation sont conçus pour améliorer la qualité, la transparence ou la flexibilité des dispositifs existants. L'orientation est de plus en plus associée à des modalités de reconnaissance des compétences en formation ou sur le lieu de travail. Comment sont construites et diffusées ces nouvelles conceptions de l'orientation ? Quels sont les acteurs qui les portent et dans quelles institutions ? Dans quelle mesure ces nouvelles références contribuent-elles à reformuler la question des inégalités et de l'exclusion ? Quelles sont les procédures qui sont mises en œuvre au niveau national et local ?

– Les conceptions de la justice et des inégalités dans le discours ou l'action des experts et des professionnels de l'orientation. Au sein de l'Éducation nationale, l'orientation est conçue dans une approche pédagogique mobilisant l'ensemble des membres de la communauté éducative et leurs partenaires locaux. Elle vise le développement de soi en même temps que l'information sur les métiers. D'autres conceptions hors de l'Éducation nationale, si elles mettent en valeur la construction du projet et de l'autonomie de la personne, défendent le principe d'une relation de service devant satisfaire à des objectifs d'efficacité en termes d'insertion sociale et professionnelle. Elles défendent des principes de justice plaçant l'écoute et l'accompagnement individuel au centre de leurs démarches ou privilégient une logique d'évaluation des compétences pour accéder à la formation ou à l'emploi. Quelles sont les ressources mobilisées par les professionnels de l'orientation pour faire valoir telle ou telle conception de la justice ? Ces conceptions sont-elles conciliables ou définitivement irréductibles ? De quelle manière aborde-t-elle les inégalités ? Quelles sont les nouvelles dimensions de l'expertise en matière d'orientation tout au long de la vie ? Quelles en sont les conséquences en termes de professionnalité des acteurs de l'orientation ?

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