Philippe VIENNE
Chargé de recherches auprès du FNRS
Centre de sociologie de l'éducation
Institut de Sociologie, Université libre de Bruxelles
philippe.vienne@ulb.ac.be

« Re-penser la justice en éducation » amène au préalable à la penser anthropologiquement, dans le point de vue des professionnels et usagers du monde scolaire. Cette communication s'efforcera de comprendre la notion de « justice », à partir d'une démarche ethnographique, dans les définitions de situation entre personnels scolaires et élèves d'établissements de relégation/ségrégation scolaire. Et du terme « justice », je proposerais de glisser plutôt vers celui de morale, en croisant ce regard ethnographique (tiré d'une observation participante dans un rôle d'enseignant de morale laïque) sur des questions de morale et d' « acceptabilité morale » (H.S. Becker) en milieu scolaire avec la réflexion de Durkheim sur l'éducation morale, au cœur du processus qui conduit à ce qui est qualifié de « culture scolaire », cette dernière étant le lieu d'ambiguïtés et de paradoxes tant elle est éclatée d'une expérience d'établissement à une autre. Ainsi, de « l'injustice ! » clamée par les élèves en certaines circonstances, nous passerons au point de rencontre et de heurts en milieu scolaire entre des morales dissemblables. Dans des « mondes scolaires sans qualités » (Payet), je m'attacherai à saisir la charnière entre

1. une réalité de départ de rangement « ethnique » des élèves dans des voies de garages éducatives reconnues comme telles par les élèves ;
2. l'agrégation de fragments ethnographiques mettant en scène une « ethnicité » éventuelle à l'arrière-plan du quotidien scolaire ;
3. 'ethnicisation de certaines « réponses » d'établissement, comme le multiculturalisme dans le choix du personnel auxilliaire, à leur composition sociale ;
4. la construction de l'altérité (pendant des stigmatisations interactionnelles) qui se joue plus globalement dans les relations entre groupes composant ces écoles ;
5. et qui se donne à voir dans le domaine moral.