Éducation au Brésil : continuité économique et politique de financement de l’enseignement
Communication de Juca Gil pour l'atelier 7 "Le Sud perd le nord : quelle égalité locale, quelle justice globale ?"
Juca Gil
Université de São Paulo – Brésil
Université Lille III – France
jucagil@uol.com.br
Le travail présenté a pour but décrire et analyser les caractéristiques singulières de la principale politique de financement de l'éducation au Brésil dans l'histoire récente, laquelle touche plus de 30 millions d'étudiants chaque année. Le Fundef (Fond de manutention et développement de l'enseignement primaire et secondaire et de valorisation de la profession enseignante) qui a été débattu depuis 1995 et implanté, après le changement constitutionnel, en 1998, entraînant de fortes altérations dans la forme comme les ressources publiques étaient obtenues et distribuées dans le pays. La mise en place de cette institution – FUNDEF - étant considéré par ses créateurs en tant qu'une « vrai reforme tributaire ».
Tout d'abord il faut souligner que la culture politique brésilienne, résultante de sa jeune démocratie, c'est caractérisé par de fortes instabilités des travaux éducatifs modifiés régulièrement lorsque des changements s'effectuent quant à des dirigeants politiques. Cependant, le Fundef pose plusieurs problèmes : crée lors du gouvernement du président Fernando Henrique Cardoso, dans son premier mandat (1995-1998), préservé quand il a été réélu (1999-2002) et maintenu jusqu'au moment par son successeur, Luis Ignácio Lula da Silva, élu par une alliance des partis politiques en opposition à son prédécesseur. Par ailleurs, en dépit de ces oppositions politiques, il existe des ressemblances, des termes macro-économiques, des politiques des finances et monétaires entre ces deux gouvernements. Ainsi, la caractéristique de ces trois mandats présidentiels est la présence d'une relative stabilité, surtout si l'on se réfère à la question de l'inflation, qui a caractérisé plusieurs décennies la politique économique brésilienne et dont l'histoire reste extrêmement fragile. C'est en tenant compte de ce contexte que le financement de l'éducation brésilienne est ici analysé.
Il est essentiel rappeler que le Brésil, étant une République Fédérative, présente une relative indépendance entre les 28 états qui forment la république notamment par rapport à la collecte et à l'utilisation des fonds publics. Également, plus de 5 500 villes ont aussi de différents statuts d'autonomie, ce qui leur permet de capter et gérer leurs propres ressources financières. De ce fait, jusqu'à l'avènement du Fundef, les 28 états et certaines grandes villes gèrent leurs propres moyens, en définissant des politiques, des priorités et des stratégies les plus diverses, lesquelles étaient conformes à la capacité financière de chacun. Ainsi, les grandes inégalités sociales qui caractérisent le pays menaient les états et les villes les plus riches à avoir les meilleures conditions, créant ainsi des disparités importantes.
Le Fundef apparaît pour combattre ces inégalités régionales, mais aussi pour créer les conditions d'accès aux enfants à l'enseignement de base qui comprend, au Brésil, l'école primaire et le collège (huit ans de scolarisation, dès l'âge de 7 ans, et en principe obligatoire) et d'améliorer les salaires des enseignants. Ces objectifs étaient établis dans au cadre suivant : en 1995, quelques états dépensaient trois fois moins ressources publiques par élève d'enseignement de base tandis que d'autres, comme l'indiquaient les données officielles, affichaient l'absence de 12 % des enfants, entre 7 et 14 ans, qui ne fréquentaient pas l'école ainsi que les grands contingents d'enseignants qui touchaient moins de US$ 300.00 par mois.
De cette façon, le Fundef canalise une partie de ressources, qui étaient déjà disponibles à l'éducation, notamment à l'enseignement de base en focalisant sa distribution. Il faut souligner que pour la première fois, au Brésil, le concept de dépense per capita a été utilisé dans ce domaine, en créant ainsi un étalon du minimum national. De même, il a été créé des conseils, avec la participation des représentants de la population concernée dans le cadre des principes de la démocratie participative afin de suivre le développement du Fundef et de l'amélioration du système de collecte des informations éducatives. Cette initiative a été financée en partie par les ressources provenant de la Banque Mondiale.
En 2005, le gouvernement fédéral a proposé des modifications dans la politique relative au Fundef, lesquelles seront analysées par le pouvoir législatif et débattues au sein de l'opinion publique. Cela a provoqué des changements substantiels. Néanmoins, dû au fait d'avoir été maintenue la même politique économique des années précédentes, plusieurs principes qui guident le Fundef ont été affirmés, réduisant ainsi l'amplitude des effets des changements proposés par les politiques actuelles.
Notre travail vise, à ce stade de mise en place des orientations politiques, de présenter des données financières et statistiques permettant d'esquisser une évaluation de l'implantation et des impacts de cette institution – FUNDEF – considérée comme la plus importante des mesures en matière politique éducative brésilienne.