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Démocratisation du recrutement des grandes écoles ou recomposition des compétences des élites ? Le cas des Instituts d’Études Politiques

von adminZuletzt verändert: 19.06.2006 23:38

Communication d'Hélène Buisson-Fenet pour l'atelier 6 "Les nouveaux modes de formation des élites"

Hélène Buisson-Fenet
LEST
helene.buisson@univmed.fr

Brigitte Darchy-Koechlin
OSC
darchykoechlin@free.fr

Séverine Landrier
LEST
severine.landrier@univ-aix.fr

Depuis quelques années en France, le double constat d'un affaiblissement constant de la proportion d'élèves d'origine populaire dans les grandes écoles et leurs classes préparatoires, et du coût bien inférieur d'un étudiant d'université comparé à celui d'un étudiant de CPGE, a produit deux séries d'effets.

Plusieurs grandes écoles ont d'abord mis sur pied des dispositifs expérimentaux d'accompagnement des élèves dont les conditions de socialisation – et à certains égards de scolarisation - ne permettaient pas de bénéficier du capital culturel si utile dans la préparation des concours et l'ajustement au profil de recrutement ; certains lycées à classes préparatoires ont ensuite relayé ces initiatives en proposant diverses formules de « school mix » sur la base de conventions signées en partenariat avec certaines écoles d'enseignement supérieur. Parallèlement, une réflexion plus large est menée actuellement sur la démocratisation des grandes écoles à travers une ouverture sociale plus large de leur recrutement, et sur les modalités d'action les plus pertinentes pour neutraliser les effets de l'appartenance sociale sur les parcours scolaires dans l'enseignement supérieur.

Notre communication part de l'hypothèse que le paradigme de  justice sociale dont se réclament les mesures actuelles d'affirmative action dont la France s'efforce de trouver aujourd'hui des déclinaisons nationales spécifiques, ne suffit pas à comprendre ce projet de refondation du modèle méritocratique ; les mécanismes de production élitaire français se trouvent aussi confrontés à d'autres enjeux, notamment celui de la diversification des parcours et des profils. Nous postulons ainsi que les expérimentations et les projets en cours ne sont pas animés « seulement » d'une posture d'égalité des chances, mais qu'ils promeuvent aussi de « nouveaux savoirs », ou du moins des compétences non strictement scolaires, susceptibles d'être valorisées sur un marché des élites plus ouvert à l'international et davantage concurrentiel.

A la base de l'élitisme républicain, la formule de Paul Langevin préconise « la promotion de tous et la sélection des meilleurs ». S'il nous semble nécessaire de décrire finement le panorama actuel des trois grandes voies « d'égalité des chances » par lesquelles la promotion de tous vers l'enseignement supérieur d'excellence se trouve aujourd'hui réactivée, c'est pourtant « la sélection des meilleurs » sous certaines de ses modalités actuelles qui fera l'objet de notre communication. Nous proposons ainsi de puiser dans les politiques de démocratisation des grandes écoles et de leurs classes préparatoires quelques-uns des éléments qui peuvent contribuer à enrichir l'idée de « nouvelles élites de la « troisième modernité » », et qui viseraient précisément à « renouveler la reproduction ».

Quelles "nouvelles compétences" attendues pour les générations d'élites en voie de constitution les différents types de recrutement des élèves "moins favorisés" permettent-ils de sélectionner ? En quoi les mesures de démocratisation sont-elles l'occasion de recomposer les contenus de formation : certains savoirs de type académique, certains acquis de l'expérience sociale, mais encore compétences moins spécialisées, mais davantage susceptibles de nourrir des profils de leadership ? Et n'y a-t- il pas dès lors, en fonction des types d'élites ainsi que du degré de renouvellement des profils contraint par l'ouverture internationale et la concurrentialité des grandes écoles considérées, des positionnements très différents dans la manière dont les décideurs entendent impulser la promotion sociale dans les différentes filières d'excellence scolaire ?

Si notre communication n'entend pas, à elle seule, répondre à l'ensemble de ces questions, elle se propose de présenter et d'analyser un terrain en cours – et ce faisant, de défricher une première piste de réflexion. La démarche a consisté à se centrer sur les expériences de démocratisation du recrutement des instituts d'études politiques, en particulier en province – avec l'idée que l'évolution des formations à l'encadrement gestionnaire des secteurs publics et parapublics pouvait se prêter tout particulièrement à l'hybridation des savoirs et au renouvellement des compétences, dans un contexte international marqué par le développement de pratiques de « new public management », et la conformation croissante des modèles de compétences administratives aux modèles de compétences managériales.

Il s'est agi avant tout de décrypter l'évolution des orientations formatives de ces instituts et de clarifier en conséquence à quelles attentes espéraient répondre les mesures d'ouverture sociale à de nouveaux profils de candidatures. Pour cela, nous croisons la lecture d'une littérature grise (évolution de l'offre des formations, programmes pédagogiques) avec une série d'entretiens menés auprès « d'acteurs stratégiques » - directeurs des études d'IEP, secrétaires des associations professionnelles d'enseignants chargés de l'option Sciences Po en CPGE, association des proviseurs de lycées à CPGE.

En second lieu, nous avons souhaité prendre la mesure des conditions à la fois sociales et scolaires de la construction de ces compétences en voie de renouvellement. Une dizaine d'entretiens auprès d'enseignants en CPGE "démocratisées" permettent de mettre au jour les spécificités des savoirs et savoir-faire attendus, et les pratiques pédagogiques susceptibles de les valoriser. Ce recueil est complété des résultats d'un questionnaire diffusé parmi les étudiants de ces filières CPGE formés dans l'année scolaire en cours. Nous espérons aussi pouvoir en améliorer l'interprétation au travers d'une analyse des évaluations des enseignants, et de l'observation des conseils de classe auxquels il devrait nous être possible d'assister d'ici la fin de l'année scolaire.

Les dispositifs d'ouverture sociale les plus établis (celui de l'IEP de Paris depuis 5 ans, celui de l'IEP d'Aix-en-Provence depuis 3 ans, celui de l'IEP de Toulouse depuis l'année dernière) produisent enfin leurs premières cohortes d'admis, et il est possible à ce jour de commencer à évaluer les perspectives d'adéquation entre les attentes des concours de recrutement en première année, et les profils des candidats issus des expérimentations en cours.

Le cadre analytique dans lequel nous situons notre démarche relève d'une sociologie des curricula, dans trois perspectives. La première, concentrée sur les textes officiels et leur interprétation par les acteurs chargés de l'orientation dans les instituts d'études politiques, veut clarifier le sens des changements en cours, au regard d'un enseignement supérieur constitué en « marché » de plus en plus ouvert à l'international, et soumis à des contraintes renouvelées en matière d'insertion professionnelle des jeunes. La seconde, relevant davantage d'une analyse de la construction des évaluations pédagogiques, entend mettre au jour comment les contenus « réels » des enseignements sont définis en situation, à la fois par rapport à des savoirs disciplinaires, par rapport à des compétences projetées comme nécessaires dans l'accomplissement de rôles sociaux spécifiques, et en fonction des présupposés concernant le public scolarisé dans ces classes « d'ouverture sociale ». La troisième perspective ambitionne enfin d'ébaucher quelques éléments d'observation, à partir du terrain circonscrit que constituent les IEP démarchés, concernant la manière dont l'excellence scolaire (Perrenoud 1984 et 1997) se fabrique au travers de processus institutionnels et de leurs effets psychosociaux  - une « construction » que les élèves eux-mêmes pourraient trouver à exprimer dans leur description compréhensive du « contexte spécifique » dans lequel la plupart d'entre eux se trouvent plongés.

Bibliographie :

Bourdieu P. (1989) La noblesse d'État, grandes écoles et esprit de corps, Paris, Minuit.

Crozier M. (1995), La crise de l'intelligence : essai sur l'impuissance des élites à se réformer, Paris, le Seuil.

Isambert-Jamati V. (1990), Les savoirs scolaires, Paris, Éd. Universitaires.

Merle P. (1984), L'évaluation des élèves, Paris, PUF.

Perrenoud P. (1984), La fabrication de l'excellence scolaire, Genève, Droz.

Mendras Henri, Suleiman Ezra (1995), Le recrutement des élites en Europe, Paris, La Découverte.

Tanguy L. (1983), « Les savoirs enseignés aux futurs ouvriers », Sociologie du Travail, 3, 336-356.

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