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Contribution à une sociologie des « bons élèves »

Par adminDernière modification 19/06/2006 23:28

Communication de Fabien Capelli pour l'atelier 6 "Les nouveaux modes de formation des élites"

Fabien CAPELLI
Doctorant en sociologie, laboratoire CRISTO
Université Pierre Mendès France, Grenoble II
fabiencapelli@hotmail.com

La sociologie de l'éducation s'intéresse peu aux étudiants « qui réussissent ».Quand elle le fait, c'est pour mieux refléter les problématiques de l'échec scolaire ou afin de montrer que les origines sociales de ces « bons élèves » ne sont pas conformes avec le principe d' « égalité des chances » (Derouet, 1992). En France, les élèves des classes préparatoires aux grandes écoles (CPEG) sont l'un des exemples les plus saillants de ces jeunes qui « réussissent ». Nous nous attacherons ici à ce passage institutionnel par la « classe prépa » comme moment fort de la « carrière » d'un « bon élève » français. Nous avons préféré le concept de « carrière » à celui de « trajectoire ». Ce premier présente l'avantage de rendre tout le relief aux doutes, aux hésitations des préparationnaires, (Tarde, 1999) à leur orientation, leur différenciation « en train de se faire ». Il laisse aussi une plus grande place aux « défauts de socialisation » et aux abandons dans l'analyse. La sociologie des cadres (Bouffartigue et Gadea, 2000) et les travaux portant sur les « grandes écoles » (Bourdieu, 1989 ; Lazuech, 1999) accordent également peu d'importance aux CPEG malgré qu'elles apparaissent pour l'élite scolaire française, comme un passage déterminant vers l'accession à des postes à responsabilités tant dans le secteur privé que public. Nous proposons donc l'hypothèse inverse : notre travail empirique souhaite montrer que le passage par ces classes représente un objet central et ceci principalement pour deux raisons :

1) L'activé et les points de vue de ces élèves, de ces «  cadres en devenir » se montre particulièrement fécond pour la compréhension d'une société en train se produire. Pour ces jeunes, le passage par cette institution apparaît comme structurant tant dans la mise en récit qu'ils effectuent leur parcours que le moment d'un changement important dans les pratiques d'apprentissage et de la vie quotidienne. Il s'agit d'un « moment d'adaptation » fort. Que font ces étudiants ? Qu'apprennent-ils ? En quoi consiste ce « moment d'adaptation ? » Nous décrirons les « apprentissages effectifs » durant ces deux ou trois ans de formation. Apprentissages médiatisés par le classement et la coopération, la spécificités de l'évaluation de ces classes comme les « colles » et des notes très basses, un rythme soutenu de travail, parfois le surmenage, la pression scolaire et parentale, les « pratiques d'humiliation » fréquemment évoquées par les acteurs (Merle, 2005). Nous soutenons l'hypothèse que ce sont les relations entre préparationnaires, entre pairs, médiatisées par toutes les interactions de ce passage institutionnel qui priment dans la production normative d'une hiérarchie sociale (Dumont, 1966).

2) Le deuxième point expose les conclusions intermédiaires de cette recherche : il s'agit de s'interroger ce qu'apportent ces carrières de « bons élèves » aux questionnements sociologiques de l'institution scolaire. Ces parcours permettent selon nous un renouveau du questionnement sur la place de l'institution scolaire et son rôle de socialisation. Préparationnaires et anciens préparationnaires développent souvent des points de vue « étonnants » : alors qu'ils se trouvent au sommet de la pyramide républicaine, leurs propos expriment  désillusion, déception et cynisme envers l'École. Si « cancre » et « bon élève » se rejoignent dans un certain ressentiment, alors que penser de École comme unique institution de socialisation démocratique ? Poser la question en ces termes permet d'autres ouvertures sociologiques que la réduction des inégalités scolaires ou la psychologisation des problèmes de l'élite scolaire (Huerre, 2005 ; Braconnier, 1998). Qu'en est-il de la réussite scolaire ? Nos sociétés industrielles peuvent-elles proposer d'autres liens, d'autres modes de faire société à sa jeunesse que le modèle scolaire élitiste du « bon élève » ? (Illich, 2004 ; Querrien, 2005 ; Vincent, 2004)

Cette recherche est issue d'une enquête ethnographique qui s'est divisée en deux réseaux de terrains :

1 er réseau : Classes préparatoires aux grandes écoles  : Trois « salons de Grandes Écoles », surveillant à un concours Mines-Pont-ENTPE, deux classes préparatoires scientifiques aux grandes écoles. (MP et PC) Méthodes : observations directes et participantes et un corpus d'entretiens semi directifs

2 e réseau : deux   Écoles d'ingénieurs  :

-L'ENTPE (École National des Travaux Publics de l'État) : une observation participante d'une année scolaire en tant qu'élève ingénieur inscrit en première année et habitant sur le campus. Au cours de l'année nous avons varié les points de vue (élèves 2 e et 3 e années, « conseiller en innovations pédagogiques » et enseignant de sociologie)

-Universidad de Los Andes, Bogota, Colombie. Un semestre d'observation participante dans une école de Génie industriel, nous avons adopté la même démarche.


Bibliographie indicative

Bourdieu P. 1989. La noblesse État : grandes écoles et esprit de corps . Paris : Édition de Minuit

Bouffartigues P. et Gadéa C. 2000. La sociologie des cadres. Paris : La Découverte

Braconnier A. 1998 (Sous la direction) Classes préparatoires. Des étudiants pas comme les autres, Paris, Bayard édition/ Fondation de France

Derouet J-L. 1992, École et justice. De l'égalité des chances aux compromis locaux ? Paris, Métaillé

Dumont L. 1966, Homo hierarchicus. Essai sur le système des castes, Paris, Gallimard.

Huerre P. 2005, Faut-il plaindre les bons élèves, le prix de l'excellence. Paris. Hachette littérature

Illich I. 2004, La perte des sens, Inédits. Paris, Fayard

Lazuech G. 1999. L'exception française, le modèle des grandes écoles à l'épreuve de la mondialisation . Presse universitaire de Rennes,

Merle P. 2005 L'élève humilié : L'école : un espace de non-droit. Coll. Éducation et formation, PUF

Querrien A. 2005, L'École mutuelle, Une pédagogie trop efficace ? Paris, Les empêcheurs de penser en rond/ Le Seuil

Tarde G. 1999, Les lois sociales, Paris, collection les empêcheurs de penser en rond, Institut Synthélabo pour le progrès de la connaissance

Vincent G. 2004, Recherche sur la socialisation démocratique, Lyon, PUL

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Numéro 21
Former des élites dans un monde incertain
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