Contexte scolaire, logiques « scolaires » et « sexuées » des disciplines et perception de l'ennui chez des élèves de CM2
Communication de Christine Morin pour l'atelier 8 "Justice et inégalités de sexe en éducation"
Christine MORIN
Maître de conférences, IUFM de Lyon
Laboratoire du GERA, Psychologie Sociale.
messabel.morin@free.fr
Séverine FERRIERE
Doctorante Institut de Psychologie
Laboratoire du GERA, Psychologie sociale
Champ théorique de référence.
De nombreux travaux en psychologie, sociologie, sciences de l'éducation ont montré l'existence de dynamiques sexuées au sein du contexte scolaire, dynamiques se traduisant en aval par des différences en matières d'orientation scolaire et professionnelle (cf. par exemple, pour l'orientation, Vouillot F, C. Marro).
Des études montrent également des différences de traitement dans l'interaction maître élèves (c. Zaidman, N.Mosconi), des effets de la mixité dans la comparaison entre pairs . D'autres recherches montrent également en quoi les mathématiques sont à la fois une discipline socialement valorisée et une discipline à connotation masculine. De même, les filles et les garçons à l'école primaire croient que les filles sont meilleures en lecture. Une récente recherche (Morin, Aebischer, 2006) en classe de CM2 montre que les filles s'attribuent de moins bons résultats que les garçons face à un contexte d'habillage d'une tache « mathématiques » versus « jeux ». Ce résultat va dans le sens d'une représentation de soi comme élève assez différente chez les filles et les garçons, particulièrement pour les mathématiques et les sciences (cf. revue de questions Cartron et Winnikamen, 1995). Le contexte scolaire constitue alors un champ d'exploration particulièrement important de par les enjeux sociaux qu'il mobilise. L'école peut être un lieu de reproduction sociale comme un lieu d'émancipation. Il devient nécessaire d'étudier les mécanismes entrant en jeu dans l'émergence des différences de sexe. Ainsi, la manière dont les élèves perçoivent et réalisent une tâche selon « son habillage disciplinaire » (mathématiques, français, jeux) constitue un objectif de recherche qui permet de comprendre les conditions d'émergence de différences entre élèves selon les variations contextuelles et positionnelles des situations scolaires. L'école est bien un lieu privilégié d'une logique scolaire normative entre les élèves et d'une logique sexuée par rapport aux performances et aux évaluations de performances (cf. Morin, 1997). Nos travaux actuels visent à saisir les variations dans les performances, les procédures et les perceptions de soi et de la tâche en fonction du sexe de l'élève et de l'habillage disciplinaire de la tâche.
Recherche :
Dans ce cadre de recherche plus général, la proposition de communication vise à présenter un aspect de notre recherche concernant la perception de l'ennui par rapport à un exercice « énigme » présenté aux élèves de CM2 comme étant soit comme une activité de français, soit une activité mathématiques, soit une activité de jeux. Nous manipulons également le degré d'activation du schème de catégorisation de sexe en demandant aux élèves dans certaines conditions de mentionner leur classe et leur sexe avant de réaliser l'énigme. Après l'exercice, les élèves répondent à un questionnaire composé de 6 questions dont une sur l'ennui (« t'es-tu ennuyé-és »
L'hypothèse principale concerne l'existence, dès l'école primaire, de la reproduction des représentations sociales de l'ennui, c'est-à-dire que les filles se conforment à la norme sociale qui veut qu'elles soient « travailleuses » et plus « scolaires ». Elles risquent effectivement de dire qu'elles s'ennuient moins que les garçons. Nous verrons également si le fait de s'ennuyer ou non varie selon la représentation de la discipline entre les élèves des deux sexes mais aussi chez les élèves quelque soit leur appartenance de sexe. Nous préciserons également le discours de justification des élèves qui disent « s'être ennuyés » selon également la performance à l'exercice.
Notre réflexion s'orientera vers une réflexion sur les effets des contextes pédagogiques sur la manière dont les élèves appréhendent un exercice scolaire et comment ils se pensent.
Bibliographie de référence :
Morin, (C), Aebischer (V), 2006, Contexte scolaire, habillage de la tache, performances et perception des élèves de la tâche et de soi. En préparation
Carton (A), Winnikamen (F), 1995, Les relations sociales chez l'enfant, Genèse, Développement, Fonctions, Paris, Armand Colin.
Marro (C), Vouillot (F),1991, Représentations de soi, représentations du scientifique type et choix d'une orientation scientifique chez des filles et garçons, l'Orientation scolaire et professionnelle, vol 20, n°3.
Mosconi (N), 1989, La mixité dans l'enseignement secondaire : un faux-semblant? Paris, P.U.F.
Morin (C), 1997, Mixité et performances scolaires, Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale.
Zaidman (C), 1996, La mixité à l'école primaire, Paris, L'Harmattan.