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Les effets de l’accountability sur les politiques d’éducation aux Etats-Unis.

Par Florent BickDernière modification 04/11/2010 10:37

MEURET Denis

Université de Bourgogne, IREDU, IUF

Les effets de l’accountability sur les politiques d’éducation aux Etats-Unis

Depuis le début des années 90, se sont développées dans certains états ou districts américains des politiques d’accountability : standards + évaluations + incitations. Depuis 2002, ces politiques ont été généralisées sur l’ensemble du territoire par la loi No Child Left Behind. L’intérêt de cette loi est double : elle est la tentative la plus cohérente d’appliquer ce type de politique aux systèmes scolaires (La plupart des autres pays ont été dans le même sens, mais de façon moins systématique. La France se distingue par une évolution particulièrement prudente dans cette direction.). Elle attache une attention plus grande aux performances des élèves faibles ou socialement désavantagés que les précédents dispositifs d’accountability.

Cette loi rencontre des oppositions de type philosophique, invoquant souvent Dewey, mais la plupart acceptent de l’évaluer en acceptant ses critères, soit les performances des élèves aux tests nationaux. Il y a dans ce cadre deux façons principales d’apprécier les effets de cette loi : (1) les performances des élèves américains se sont-elles améliorées et les inégalités ont-elles diminué depuis 2002 ? De 2002 à 2007, dans la plupart des Etats, la réponse a été positive mais les opposants ont fait observer d’une part que les améliorations étaient largement insuffisantes pour atteindre l’objectif fixé par la loi pour 2014 et d’autre part que les améliorations n’étaient pas plus fortes que celles que l’on observait avant la loi. Depuis 2007, dans certaines disciplines et à certains niveaux du système, l’amélioration a fait place à une stabilité. Des partisans influents de NCLB ont de ce fait rejoint le camp des opposants. (2) Ces performances ont-elles évolué plus favorablement que dans les pays qui n’ont pas mis en place ce type de politique, la France en particulier ? Ce que nous disent les trois éditions de PISA à cet égard est surprenant : non pas ce qu’une approche technique conduisait à anticiper (amélioration aux USA, stabilité en France), mais autre chose : selon les indicateurs, amélioration ou stabilité aux USA, mais dégradation en France, plus forte encore pour les élèves faibles et défavorisés que pour les autres.

De là, deux questions :

1) Pourquoi les résultats décevants de NCLB, clairement inférieurs aux attentes et aux objectifs fixés ? Les multiples évaluations de la loi ont proposé plusieurs réponses, mettant en cause, de façon plus ou moins fondamentale, soit l’irréalisme des objectifs, soit les évaluations (teaching to the test, effets de seuil, etc.), soit la nature des incitations (uniquement négatives, n’accompagnant pas assez les efforts des écoles pour s’améliorer, etc.).

2) La dégradation de la situation française a-t- elle un lien avec le rejet de l’accountability ? Si c’est le cas, il faudrait concevoir cette dernière comme ayant un effet politique (permettant de maintenir les effets de l’école dans un environnement transformé) plutôt qu’un effet technique (permettant d’améliorer les effets de l’école)

Les réponses politiques proposées par l’administration Obama semblent tenir compte de ces deux types d’approche. Certains chercheurs justifient ces réponses en montrant que la logique scientifique (ne déclarer efficace une politique que si l’on est sûr de pouvoir exclure l’autre hypothèse, prendre pour situation de référence la poursuite de la tendance précédente) n’est pas la logique politique (éviter l’accusation de ne pas avoir agi alors qu’il fallait le faire, ne pas exclure la possibilité d’une dégradation). Cette administration en effet ne propose pas d’abandonner l’accountability, ce que d’ailleurs peu d’opposants réclament ouvertement mais plutôt sa généralisation (appliquer, mutatis mutandis, aux Etats et aux enseignants une approche que NCLB réservait aux écoles et aux districts) et sa sophistication (avec le passage à une approche fondée davantage sur la valeur ajoutée et sur l’amélioration des écoles, laquelle ne va pas d’ailleurs sans soulever de nouveaux problèmes).

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