La sociologie de l’éducation et le projet européen de modernisation de l’école
DALE Roger
Université de Bristol
La sociologie de l’éducation et le projet européen de modernisation de l’école
Au cours du dernier demi-siècle, la sociologie de l’éducation s’est construite autour de trois paramètres implicites : elle abordait les questions d’éducation à partir des frontières nationales ; elle partait du principe que le service public de l’éducation serait financé, assuré et régulé par l’état ; elle partait enfin du postulat que les systèmes éducatifs étaient fondés sur un contrat social implicite autour de trois éléments : le développement personnel, la possibilité de mobilité et de promotion sociales et personnelles et un apport significatif au développement économique national et à la cohésion sociale. Les changements qu’a engendrés la mondialisation ont miné et profondément modifié les bases des deux premiers paramètres au moins. Les initiatives prises par diverses organisations internationales, dont l’Union européenne, font que l’éducation ne peut plus être considérée comme étant du seul ressort des nations. Des changements tant quantitatifs que qualitatifs sont intervenus dans les missions que l’éducation devait entreprendre et dans le type de personnel et d’agences qui devaient les remplir. En Europe, ces changements en matière d’éducation sont opérés par l’Union européenne. Néanmoins, c’est le troisième paramètre – le contrat social implicite – qui est l’objet principal de cet article. Je montrerai que l’agenda européen de modernisation de l’éducation se limite à cet unique paramètre. De plus, les conceptions de la « modernisation » dans ce qui pourrait être décrit comme une « politique éducative européenne » revêtent de multiples facettes. Mon intervention portera sur ces aspects et sur la façon dont leur mise en œuvre est liée aux deux autres aspects du contrat social en éducation.