Séminaires sur le travail enseignant
De la mission à l'activité : nouvelles questions, nouvelles approches. Séminaire de réflexion sur la notion de travail enseignant à l'institut national de recherche pédagogique.
Contributions des intervenants
Public : s'agissant d'un séminaire de recherche, le public concerné est le suivant : chercheurs en sociologie et en sciences de l'éducation (inrp, Universités, iufm), doctorants, enseignants associés à l'inrp, formateurs.
Modalités d'inscription : l'inscription vaut pour l'ensemble du séminaire, elle sera confirmée lors de la première séance. Pour s'inscrire, envoyer un mail à jean-louis.derouet@inrp.fr. La salle de séminaire comportant 40 places, seuls les inscrits à l'ensemble du séminaire pourront y participer en cas d'affluence excédant les 40 places disponibles.
Présentation
Le travail des enseignants est soumis à des remises en cause concernant sa définition (contenu, limites, règles, objectifs, évaluation...) et, dans le même temps, émerge comme objet de recherche à part entière dans la recherche en éducation. Il a été abordé pendant longtemps sous l'angle d'une sociologie classique des professions. Plus récemment, l'intérêt manifesté pour les "pratiques" par les sciences de l'éducation a, depuis les années 1980, accompagné le souci de professionnalisation des métiers de l'enseignement. Ceci dans un contexte de mise en place de politiques d'éducation prenant acte de la massification et visant une plus grande efficacité du système dans le cadre d'une politique de "modernisation de l'Etat" dans une perspective libérale. Un autre élément du contexte est le renouvellement d'une part importante des enseignants dans les dix années à venir.
L'étude des caractéristiques des pratiques enseignantes (contenus d'enseignement, organisation, influence du contexte...) a permis d'identifier des invariants et des critères de leur variabilité ainsi que certains de leurs effets en matière d'apprentissage, tandis que l'identification de divers modèles théoriques d'analyse des pratiques a contribué à créer des outils conceptuels et de formation. D'autres travaux ont adopté un point de vue plus didactique. Qu'il s'agisse de prendre pour objet les contenus d'enseignement ou les contextes de leur transmission, nombre de ces recherches, souvent développées dans le cadre des IUFM, ambitionnaient de contribuer à la formation des formateurs dans une perspective de professionnalisation des futurs enseignants. L'analyse des pratiques a ainsi connu un réel développement dans la formation initiale et continue des enseignants.
Dans le même temps, des recherches faisant appel à l'ergonomie de langue française, à la psychologie et à la psychanalyse, à la sociologie du travail, et prenant comme objet d'étude d'autres groupes professionnels ont développé des modèles de compréhension et des méthodologies qui diffusent progressivement dans le domaine de l'éducation tout en provoquant des débats.
L'UMR Education et Politiques a pour objectif de développer sur le terrain de l’éducation une connaissance du social qui rende compte de la manière dont les acteurs s’orientent dans un univers à références multiples et dont ils coordonnent leurs actions dans un système en voie de déréglementation. L'intégration des niveaux micro-social et macro-social permet de rendre compte des évolutions d’un système à décideurs multiples : les réformes décidées au sommet de l’État ne s’appliquent que dans la mesure où elles sont acceptées et mobilisées par des acteurs locaux. L'étude porte sur les argumentaires justificatifs de l'action mais aussi sur les réseaux qui relient indifféremment des personnes, des institutions, des objets et des savoirs. Après avoir étudié le travail des cadres de l'éducation, l'UMR Education et Politiques s'est intéressé au travail enseignant. Afin de confronter ses travaux à d'autres approches, il organise au cours de l'année universitaire 2005-2006 un séminaire sur le travail enseignant dans ce contexte social, politique et scientifique en forte évolution.
Le nouveau cadre dans lequel travaillent progressivement les enseignants (décentralisation, politique de projet, autonomie des établissements, concurrence entre établissements, montée du pilotage par les résultats au moyen d'un management inscrit dans une logique de l'efficacité, tout en devant satisfaire une commande d'insertion et de cohésion sociale par le partage d'une patrimoine de valeurs et de connaissances communes...), et le malaise identitaire des professionnels qui s'exprime de multiples façons (crise des "vocations", désengagement et sentiment d'impuissance, problèmes de santé, mouvements sociaux...), incitent à adopter un nouveau regard et à s'ouvrir à de nouvelles approches.
Le séminaire envisagera notamment les questions suivantes : quelles conséquences ont, sur le travail enseignant, les politiques conduites à l'initiative des organismes internationaux, visant à introduire des modifications de la conception du service public et du travail de ses personnels, à les imposer de l’extérieur ? Comment les enseignants font-il face à une prescription plus précise et un contrôle plus contraignant d’un côté, à une exigence d’autonomie et d'implication plus grande de la part des personnels, de l’autre ? Quelles conséquences a le passage d'une activité définie comme une mission à celle définie par la relation de service ? Faut-il parler de "résistance au changement" pour expliquer l'écart entre les projets politiques traduits en prescriptions institutionnelles et les "pratiques" des enseignants ? Quelles solutions inventent les enseignants pour répondre à la double injonction de plus grande efficacité globale mesurée en terme de résultats aux examens et, dans le même temps, d'individualisation de l'enseignement ? Quelles tensions et arbitrages peut-on observer en situation ? Quelles réponses construisent les enseignants face à l'exigence permanente de justification de leur action, exprimée par des interlocuteurs de plus en plus divers et de mieux en mieux informés ?
D'autres questions seront posées à propos des recherches sur le travail enseignant : la recherche en éducation peut-elle avoir comme objectifs d'identifier et de valider des "bonnes pratiques" ? De construire des outils pour la professionnalisation des enseignant ? D'interroger la notion même de professionnalisation ? Parler d'activité ou de pratiques est-ce la même chose ? Comment prendre en compte l'individu au travail et les collectifs ? Quelle place accorder à l'activité en classe et en dehors de la classe ? Quelle prise en compte de la diversité des interactions entre adultes, des organisations du travail, et de la dimension politique résidant dans les micros-décisions de l’enseignant au travail et dans le cadre définissant son activité. Quelles méthodes pour attraper le travail ? Quel rôle attribuer au langage et comment traiter le discours des enseignants sur leur travail ? Quelle place pour les enseignants dans les recherches à propos de leur travail ?
Le séminaire sera l’occasion de situer l’évolution du travail enseignant dans celle, plus large, des métiers de service et de la transformation des organisations du travail. Il prendra aussi en compte l'internationalisation des politiques d’éducation et leurs effets. Il visera à mieux définir l’objet "travail enseignant" à partir d’une approche pluridisciplinaire (sociologie, didactique, psychologie, philosophie), et à favoriser la confrontation entre chercheurs ayant le travail comme objet de recherche, et entre chercheurs et formateurs. Il contribuera aussi à la diffusion des réflexions actuelles sur le travail auprès d'un public plus large de doctorants, d'enseignants associés à l'Inrp et de formateurs d'enseignants.
Les objectifs du séminaire seront les suivants :
- opérer une clarification épistémologique et notionnelle autour des termes de pratiques, travail, activité, action, collectif de travail, reconnaissance du travail…
- identifier les nouvelles questions à propos du travail enseignant et prendre en compte ses nouvelles dimensions
- faciliter une ouverture de la réflexion sur d’autres métiers que ceux de l’éducation et sur des travaux issus d'autres champs que celui des sciences de l'éducation
- favoriser un débat sur la place du travail enseignant dans les recherches en sociologie de l’éducation et en sciences de l’éducation (problématiques, modèles théoriques, méthodes)
- contribuer à une mise en réseau des participants.
Public
Chercheurs en sociologie et en sciences de l'éducation (inrp, Universités, iufm, doctorants, enseignants associés à l'inrp, formateurs.
Organisation
Le séminaire sera organisé autour plusieurs thèmes correspondant chacun à une séance :
1. De la mission à l’activité : nouvelles questions, nouvelles approches, dans l'éducation et ailleurs : présentation du séminaire et problématique.
2. Le travail fait l’homme ? L’activité enseignante entre fonctionnement et développement. Parole individuelle et parole collective. La dimension anthropologique du travail.
3. Difficulté au travail, souffrance au travail, médicalisation.
4. L’évolution des missions et la logique de service ; la relation de service et les mutations du travail.
5. Action et discours sur l’action, l'action située et le chercheur.
6. Travail des enseignants et formation.
7. Méthodologie : quelles traces du travail enseignant (autoconfrontation croisée, ethnographie...), quel traitement ?
Intervenants
- Anne Barrère, Université Charles de Gaulle - Lille3.
- Yves Clot, responsable de l’équipe de clinique de l’activité au sein du Laboratoire de psychologie du travail du Cnam, Paris.
- Jean-Louis Derouet, UMR Education & Politiques (INRP-Lyon2).
- Marc Durand, Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, Genève.
- Rachel Gasparini, iufm de Bourgogne, Groupe de Recherche sur la Socialisation (grs-Université Lumière-Lyon2), umr Education et Politiques.
- Christophe Hélou, UMR Education & Politiques (INRP-Lyon2).
- Viviane Kovess, Fondation MGEN pour la santé publique.
- Françoise Lantheaume, UMR Education & Politiques (INRP-Lyon2).
- Jean-François Marcel, gpe-crefi (Centre de Recherche en Éducation, Formation et Insertion) Université de Toulouse II - Le Mirail.
- Frédéric Saujat, umr adef, iufm Aix-Marseille.
- Gérard Sensevy, iufm de Bretagne.
- Jean-Marc Weller, cnrs, Laboratoire Techniques Territoires Sociétés (Ecole Nationale des Ponts et Chaussées).
Responsables du séminaire
- Jean-Louis Derouet, Professeur des universités, UMR Éducation & Politiques, INRP, 19 mail de Fontenay, BP 17424, 69347 Lyon cedex 07, Tél. : 04.72.76.62.17, Fax : 04.72.76.62.28, derouet@inrp.fr
- Françoise Lantheaume, Chargée de recherche, UMR Éducation & Politiques, INRP, 19 mail de Fontenay, BP 17424, 69347 Lyon cedex 07, Tél. : 04.72.76.62.27, Fax : 04.72.76.62.28, francoise.lantheaume@inrp.fr