La mesure des inégalités en éducation au prisme de l’enseignement supérieur: Enjeux globaux, acteurs locaux ?
GOASTELLEC GAËLE
Université de Lausanne
La mesure des inégalités en éducation au prisme de l’enseignement supérieur: Enjeux globaux, acteurs locaux ?
Dans un contexte de multiplication des données statistiques sur les systèmes d’enseignement supérieurs et de ranking des établissements toujours plus nombreux, cette communication questionne la configuration d’acteurs à l’origine de la problématisation d’indicateurs statistiques en grilles de lecture des inégalités d’accès à l’enseignement supérieur. La comparaison et la caractérisation des indicateurs d’inégalités d’accès à l’enseignement supérieur disponibles dans les bases données internationales (UNESCO, OCDE, EUROSTAT) et nationales (en Allemagne, Angleterre, France et Suisse) met à jour la tension entre les discours et les indicateurs produits et interroge l’inscription profondément nationale de ces indicateurs. Qui dit quoi et avec quels résultats ? Par qui les faits sociaux deviennent-ils des choses ? Quelles configurations d’acteurs caractérisent ces processus ? De quelles relations de pouvoir sont-ils le produit ?
Une première partie identifie les discours des principaux organismes internationaux sur les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur et les confronte aux indicateurs disponibles, de façon à saisir la dissonance entre le dire et le faire: ces indicateurs ne répondent pas aux problématiques mises en scène par les organismes internationaux dans leurs discours. Ce décalage entre recommandations et outils mis à disposition pose plusieurs questions : Pourquoi un tel contraste ? Quels sont les mécanismes à l’œuvre? Est-ce un problème technique ? Est-ce un problème politique ?
Une seconde partie questionne cette dissonance à l’aune de l’histoire des organismes internationaux puis de la production nationale d’indicateurs en mettant en évidence ce qu’elle révèle des spécificités nationales dans la construction sociale des inégalités. Cette dissonance est illustrée par la comparaison des exemples allemand, britannique, français et suisse.
Enfin, la conclusion interroge le processus de production des indicateurs d’inégalités d’accès à l’enseignement supérieur en articulant les espaces internationaux, nationaux et locaux de production de cadres d’interprétation du monde.